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Les étoiles cinématographiques

Ma mère m'emmena enfant au cinéma voir Ali-Baba et les 40 voleurs avec Fernandel. J'ai sans doute réinventé le souvenir de la grosse pierre obturant la caverne, qui se déplace quand on prononce la formule : « Sésame, ouvre-toi ! ». Ma mère s'appelait Suzanne. Ai-je mal entendu ce nom de Sésame ? J'ai éclaté en sanglots et ma mère et moi avons dû quitter la salle. Je n'ai pas versé une larme, en revanche, lorsqu'elle m'a fait voir des aventuriers qui tombaient dans un piège à lions et s'embrochaient atrocement sur des pieux empoisonnés, dans Les Mines du roi Salomon . Ni quand Steward Granger (ou un de ses amis) est assis sur un brasier ardent en haut d'une tour, dans Ivanhoe . Nous avons beaucoup aimé également La Bergère et le ramoneur (rebaptisé depuis Le roi et l'oiseau ). Elle a voulu voir avec moi La Reine Margot . C'était une bonne idée. Au moment où Jeanne Moreau essaie de faire évader de prison son amant Annibal de Coconas, sur le point d'être décapité, tente de soudoyer le geôlier en dégrafant d'un coup sec son corsage, fait jaillir ses jolis seins blancs et dit : « Payez-vous ! », j'ai cru que mes yeux allaient me sortir de la tête. Le plan n'est pas long, mais pour un enfant en 1954, il est immense. Ma mère n'a rien dit. Enfin mes parents ont accepté de voir deux fois de suite Peter Pan au Gaumont Palace. J'étais littéralement pétrifié par le buste rebondi des sirènes.


Buster Keaton


Mastroianni

Bunuel
Par la suite, à partir de seize ans, je suis allé trois fois par semaine à la Cinémathèque de Chaillot. Bien plus tard, j'ai été critique de cinéma, une dizaine d'années. Cela fait beaucoup de films et peu de bons. Assez de navets pour replanter la surface de la Belgique, serré. Donc, pas de liste ici non plus. Que reste-t-il dans mon ciel intime ? Tout Welles, presque tout Buñuel, Hitchcock, Renoir, Buster Keaton, Bergman, Kubrick, Fellini, Antonioni, Eustache, Téchiné, une grosse moitié de Godard, de Jarmusch, pas mal de Taïwanais... Avec une mention spéciale pour Les Chasses du Comte Zaroff , vu plus de 150 fois. Mais j'en oublie, je suis injuste. Je me tais, provisoirement.                        

                                                                                   ( à suivre )



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