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Loin des forêts

Roman, Gallimard, 1997

Résumé  :

Louis est un artiste peintre, d'une quarantaine d'années, roux, sanguin, père de famille et marié, vivant à Malakoff. Il erre parfois dans les bois à la recherche d'un contact physique avec la nature, cherche un peu partout des modèles pour ses toiles, notamment la Cène qu'il a commencée, et passe voir sa cousine Sibylle, bénévole au Coeur-Français, un organisme charitable qui donne à manger aux sans-logis pendant l'hiver. Là, il rencontre un certain Bayard, ami de sa cousine, et quelques clochards aux profils d'apôtres. Il aborde aussi un monde souterrain, celui des sectes et des crimes inexpliqués. Chez lui, les enfants jouent à un jeu vidéo, Space Inside , qui simule la réalité de façon onirique et obsédante. Malgré la routine amicale de ses rendez-vous au bistrot de Malakoff, Louis se sent envahi par un autre espace-temps   menaçant, mélange de la science-fiction de Space Inside et de l'univers caché des mendiants qui vivent dans le carton. Un fait divers - un clochard arrosé d'essence est incendié dans le IXème arrondissement par des voyous - l'amène à se pencher au-dessus du gouffre où rôde Bayard. La troisième partie, loin de conclure classiquement l'intrigue romanesque, est une longue dérive, entre rêve et musique, qui nous introduit dans les pensées et le demi sommeil de Louis, le temps d'une sieste amoureuse avec Sibylle dans une chambre d'hôtel à Rome.
 

Ce que j'en pense aujourd'hui  :

Vers le milieu des années 90 j'ai noué diverses amitiés à Malakoff et au fil des rencontres fait la connaissance d'un peintre, Lionel Guibout, qui est devenu un ami lui aussi, dont l'énergie et l'oeuvre m'ont fortement impressionné. Il est roux et père de trois garçons, il peint des géants et des forêts, comme Louis, et je tiens à dire que toute autre ressemblance entre lui et Louis ne serait que le produit de mon imagination. Je l'ai pris comme modèle de départ mais les gestes et les pensées de mon héros ne sont pas les siens. Il en va de même pour les autres personnages, inventés par moi. La peinture de Guibout m'a orienté vers les forêts, la mythologie grecque, Malakoff m'a rapproché d'une zone mal définie, la banlieue, où se côtoient les bourgeois, les miséreux, les artistes, dans laquelle le caractère de Bayard (ressuscité de Naissance d'une passion ) a trouvé naturellement sa place ambiguë et maléfique. L'assassinat par le feu du clochard a bien eu lieu à Paris, à cette époque. Ce qui m'étonne après coup, est la décision que j'ai prise de quitter le ton du roman dans la troisième partie et de m'abandonner à une divagation somnambulique par association d'idées, de manière hypnotique. L'influence de certaines pages de Claude Simon (dans La chevelure de Bérénice , entre autres) y est sensible ; si je ne regrette pas ce choix qui ouvre sur une dimension presque métaphysique, il est clair que beaucoup de lecteurs ont été déroutés par ce virage impromptu. Je les avais embarqués dans un roman noir populaire auquel je tordais soudainement le cou, par caprice. J'étais encore un auteur trop égoïste, sans doute.
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