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Le livre de John

Roman, éditions du Seuil, 1992

Résumé :

Le narrateur, chef opérateur de cinéma, se voit confier le fils d'une amie comédienne, John, 15 ans, et emmène celui-ci en voyage aux Etats-Unis. Au cours de la traversée en voiture du continent d'Est en Ouest, de motels en hôtels, il lit les chapitres d'un livre sulfureux écrit par un certain Ravi Vilravi, autoproclamé « le dernier des pédérastes », qui vit caché parce qu'il est l'objet de nombreuses menaces de mort de la part d'associations de mères américaines ; il s'aperçoit aussi qu'il perd le goût de son métier, des images, à mesure qu'il s'attache de plus en plus à John, l'adolescent ambigu et joueur qui lui fait chaque soir la lecture d'un roman policier chinois pour l'endormir. Les trois récits - le voyage des deux personnages, les romans indien et chinois - s'entremêlent sans cesse et tressent peu à peu la nasse dans laquelle le narrateur est pris, ne sachant plus s'il est finalement capable de rendre John à sa famille, à son destin et à son âge. Le roman laisse ouvert ce vertige, sans conclure.

Résumé :

Parti avec l'idée de faire une sorte de road-novel en hommage au chef d'oeuvre de Nabokov, Lolita , avec un héros masculin, j'ai pris un grand plaisir à raconter l'Amérique telle que je l'ai maintes fois visitée, à imaginer l'emboîtement des récits les uns dans les autres, avant de constater d'une part que l'on prenait ce roman pour une confession érotique, un « outing » à peine voilé, et d'autre part que l'ordre moral était en route à grande vitesse, venu tout droit des Etats-Unis, précisément. Certaines portes se sont fermées, j'ai senti chez beaucoup de vertueux comme une envie de me broder une étoile rose. Que faire ? Rien, évidemment. Nier tout lien avec mon cameraman revenait à piétiner dans des sables mouvants, m'enfoncer, là où il vaut mieux faire la planche et attendre ; de plus, je suis peu enclin à désavouer mes créatures dans l'embarras, surtout au nom de leurs mauvaises moeurs. Echappant de justesse aux foudres d'une opinion médiatiquement hystérisée, mon livre a fait son chemin tout seul parmi un cercle de fidèles plus large qu'on ne le croit : la séduction des éphèbes est vieille comme l' homo sapiens . Pour ma part, je me suis fait une raison : ce qui m'intéresse le plus naturellement dans l'élaboration d'un roman est son jeu de miroir interne, la réflexion (optique) du roman dans le roman. Une esthétique, pas une éthique.

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