Résumé :

Alex Galardine, le narrateur, habite un petit appartement sous les toits de la Place des Vosges, seul et désemparé depuis que sa compagne Pauline l'a quitté.   Ses déambulations dans le quartier l'amènent à croiser le double du docteur Lacan (récemment décédé) au bar du Cirque d'Hiver, puis à se lier d'amitié avec divers personnages de ce cirque, l'écuyère Elza, le prestidigitateur Fox et ses chiens savants, ainsi qu'avec un inspecteur de police auquel il tire les cartes. Le prestidigitateur perd un jour la meilleure puce de son élevage minuscule, un mâle nommé Désir, et Alex la cherche un peu partout, lui qui a perdu l'amour. Dans son étymologie latine, le désir est lié à la sidération, l'état de manque et d'étonnement devant ce qui a disparu.

Ce que j'en pense aujourd'hui  :

Bref roman pour un (trop) long chagrin, nouvel hommage au monde du cirque (le bar du Cirque d'Hiver, non rénové, était d'une mélancolie prenante, à l'image d'un monde se défaisant lentement), Fantôme d'une puce reprend le titre d'un célèbre petit tableau que William Blake peignit après avoir eu la vision d'une puce marchant dans sa chambre, un bol de saignée à la main, comme il le raconta à son ami Varley. Le tableau ( dans les collections de la Tate Gallery de Londres) est reproduit sur la couverture du roman. Il évoque la présence invisible des démons qui nous assaillent dans l'abandon et nous poussent parfois à des enquêtes vouées à l'échec sinon tout à fait absurdes, comme la voyance et la cartomancie. Le décor du Marais de l'époque est hanté par deux autres fantômes, celui de Rimbaud dont Ernest Pignon-Ernest avait placardé l'image grandeur nature un peu partout de façon saisissante et celui de mon ami Robert Malaval qui venait de se donner la mort en août 80 dans son atelier du 15 rue du Pont Louis-Philippe, suicide qui signifia pour moi la fin de la jeunesse.