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L'été de mes quinze ans, il me prête un volume de Proust. Je passe les vacances à lire lentement A l'ombre des jeunes filles en fleurs , avec extase, seul sur mon lit, émerveillé de parvenir à suivre jusqu'au bout ces phrases réputées « difficiles », pendant que mes cousins et les garçons de mon âge s'occupent au-dehors, dans la « vraie vie », des vraies jeunes filles à l'ombre des pins parasols, sans phrases. Découverte décisive : le bonheur est de lire allongé sur un lit, où que ce soit. Refus instinctif et définitif du sport. Peu après, suivent les Contes de Voltaire et Le Rouge et le Noir de Stendhal dont je retiens des pages entières par coeur, Julien Sorel me semblant inexplicablement sympathique ; puis Gide et Rimbaud, dans le désordre, comme il convient. J'aime les cols durs et le bonnet de Gide, le protestant sulfureux, autant que les Illuminations énigmatiques du Voyant aux yeux clairs. Lectures au-dessus de mon âge, peut-être. Je suis un adolescent trop sérieux, sans doute prétentieux, et ne sais pas m'amuser.
Proust, Stendhal, Montaigne, Gide et Rimbaud
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